Ces rencontres que gainent les paillettes, les cliquetis de l’arrivisme, du mensonge. Avec ce parler algérois pourri de sarcasmes, il dit la résistance. Comment traduire : ‘’ Ouahed ma yegouom ‘’ qui signifie : ‘’ personne ne peut tenir tête ‘’ ; c’est un mot d’Alger né dans la crasse et la colère. Juste après, vient le rot ! Ce pays qui est le mien a une culture, une histoire un sol et un sous-sol des velléités industrielles et de fortes ambitions. L’Algérie possède les hommes et les idées.
Pourtant de vote en vote, on mène ses fils vers l’autel de l’absurde. L’Algérie a tout et elle manque de tout. Rabah connaît les senteurs -l’orange et la banane-, il sait la texture et la dimension d’un ballon. Il a déjà humé les effluves du C5 et palpé les contours d’une balle. Il sait la mort. Rabah va à la belote. Un jeu où on gagne et où souvent on perd. Il mixe la DRS et la DGSN des services de flics avec la Télévision algérienne. Tout cela donne un pays où se retrouve l’insolence. L’insolence des enfants, les petits jeunes qui naissent enduis d’harissa, bercés par le vide qu’offre la bibliothèque. Le meuble que tous les pères algériens aiment, adorent, adulent. Le meuble, contrairement à la tête du garçon est creux ‘’Rani Djay Nsarâa’’. Je vais venir combattre. Rabah, après avoir brisé le silence, a décidé de se jeter dans une bataille vitale. Il a invité des palestiniens ils leur a parlé de leur pays.
Ils ont répondu : « on a travesti l’histoire, on a crée l’intégrisme l’extrémisme islamiste, on a recrée Dieu, l’argent, le pouvoir, les armes. On a oublié les Palestiniens. Le monde doit savoir que nous n’avons pas peur de la mort. Aujourd’hui nous avons les épines, demain nous aurons la rose. Ce qui se joue en Palestine ce n’est pas un film d’Hollywood. Rabah quitte la Palestine, il repart en Algérie pour dire à tous que le raï leur appartient comme il est dans le cœur de chaque concitoyen. Khalil l’un d’entre eux revisite Sting et Ait Menguellet.
Au passage, il dit « j’ai grandit dans la houle ‘’ trabit fi wast el houle’’.
M.Ourrad (journaliste) - avril 2004
La trackliste contée par Rabah..
1-INTRO 2’33’’
(Rabah OURRAD/ Med TOUAT)
2-RABAH PRESIDENT 5’22’’
(R. OURRAD / M. TOUAT)
On est en 2004, les élections présidentielles arrivent en Algérie. Moi, Rabah du groupe Le MICRO BRISE LE SILENCE, j’ai réfléchit au moyen de m’en mêler, de foutre la merde ! Vu qu’on fait du Rap en Algérie depuis dix ans, et que malgré toutes les pointes qu’on a débité les clans au pouvoir restent de glace. J’ai décidé de me présenter aux élections présidentielles pour changer le système de l’intérieur. Je rêve, je le sais, j’ai pas l’âge requis d’ailleurs. Mais cette impuissance concrète et pesante, je l’utilise comme tremplin à ma colère. En tant que candidat aux présidentielles, je suis dans l’arène, je décortique la classe politique algérienne : ses magouilles, ses discours, ses contradictions. Sans oublier de parler au peuple, aux miens, aux jeunes du quartier, ma muse…
Ps : (en fait elles sont déjà passées consacrant, sans surprise, le président sortant Bouteflika, avec un score stallinien-83.43%-le combat continue ! .
3-LAZEM NATQIYA HADRA** Il faut que je vomisse des mots 4’30’’
(R.OURRAD/ Y.AYAD)
Ces enfoirés auraient pu être autant de Ché vivants ! Mais ivres de pouvoir dans une Algérie enceinte de son indépendance, ils ont guetté l’enfant avec un berceau aux barreaux d’acier, pris la mère en otage jusqu’à ce qu’elle leur livre tous ces trésors, qu’ils ont dilapidé au gré de leurs querelles claniques. Que leur reste t-il maintenant ? Si ce n’est le gouffre du divertissement qui nargue leurs milliards tandis que la honte et la jeunesse spoliée leur vomit dessus cette trahison non digérée.
4-WECH RAKUM *Comment on va ! 4’34’’ (R.OURRAD / Dey Med)
Voici une déferlante sans refrain, débit non-stop pour dire ‘’ Wech rakum ‘’ (comment on va) aux miens, dans les quartiers, derrière les dunes et dans les villages. C’est une plongée en apnée dans les évènements des dernières années en Algérie, ponctuée de souvenirs d’enfance. Après écoute, ‘’ ouled houma ‘’ (les gars du quartier) m’ont dit : « T’es sûr que tu vis en France ?
5-DJABHA GAGNANT 4’35’’
(R.OURRAD/ Algira FEZOUI)
Voir dans le jeune désespéré que j’étais à Alger. Voir ce que Rahim, Mohammed, Kader et d’autres étaient à Alger. Essayer de comprendre, ce qui nous poussait vers la porte, à travers une petite fiction, qui raconte les déboires qui auraient pu être le lot de chacun d’entre nous.
Conjurer le sort en envisageant le pire. Et le pire est arrivé. On est en exil.
N.B à la mémoire de Kamel et l’inconnu de Ouad El Harrach qu’un retour dans un passé sans avenir a poussé vers une porte définitive. Arrêtez les expulsions ! …
6- HOUMTI LHOUSSEINDY*Mon quartier Hussein-Dey 4’18’’
(R.OURRAD / DJ Kore, DJ Skalp)
Lousseindy (Hussein-Dey en français ), c’est le nom de mon quartier, de mon bocal pendant 22 ans. C’était une vraie troupe d’Opéra de Pékin, au visage peint en permanence. Du comique (Farouk la fleur) au dramatique (Mourad l’acteur), en passant par les espoirs sportifs et intellectuels, tout le monde y passe pour une seconde de gloire hertzienne.
7-REBELOTE 3’23’’
(R.OURRAD/ M.TOUAT)
Les égorgés tendent la main depuis leurs tombent et tirent les pieds de leurs assassins, de toute façon ils les y rejoindront tôt ou tard ! C’est le point de non-retour comme on dit ! On ne naît pas extrémiste mais quand on est faible, on vend son âme au diable et on méprise ses paires. Pour ceux là, pas de réhabilitation possible. Mais l’histoire aux plaies béantes parle en mon nom. Puisse t elle éviter qu’une nouvelle génération ne devienne à son tour bourreau. Si ce texte sauve ne serait-ce qu’un naufragé dans l’océan de leurs prédications, il n’aura pas été vain
8-EL MOUCHKIL**Le problème 4’02’’
(R.OURRAD/ DJ Cora - DJ SKALP)
La rue algérienne rit de tout, même due la pire des horreurs surtout quand elle en est la première victime. Elle vit sans distance, balance une ironie grinçante au quotidien à la face des jours de plomb. El mouchkil (le problème) est chargé de cet humour de l’asphalte qui adoucit la dureté des trottoirs d’Alger.
9-LA VISA LA EURO 5’55’’
(R.OURRAD/LYES, Y.AYAD)
Août 2002, une légère brise traverse le studio de DJ Badri à Dely-Ibrahim, le cadre est beau, le son qu’il donne est joyeux, mais Hmida, Lyes Yacine et moi y mettons un peu de notre tristesse, en pensant au rêve de richesse et de liberté. Pour une fois que le raï chante utile.
10-CANAL O - 5’37’’
(R.OURRAD, A.FEZOUI / M.TOUAT)
Nos adversaires directs ont la main basse sur les médias publics. Ils nous censurent et distillent leur venin à longueur d’année, Boutef n’est pas loyal d’ailleurs, car m^me s’ils n’arrivent pas à bourrer les urnes, son élection n’aura aucune l égitimité pour moi parce qu’il aura fait pire. Squatter la télévision unique et lobotomiser l’électorat. La dictature est morte, vive la dictature.
11- SANS RANCUNE 2’31’’
(R.OURRAD) Slam Poetry ( texte intégral ci-dessous)
12-BOOMERANG (feat: Dam groupe de rap palestinien) 4’58’’
(R.OURRAD, M.TOUAT, T. NAFFAR, S.NAFFAR, A.FEZOUI,MAHMOUD)
Fin 2003.Minuit. Radio Orient. Paris. Algira et moi venons de rencontrer le rap Palestinien, durant deux heures de joutes verbales, la gravité de nos textes nous réunit autour d’une table d’amitié et de joie. Départ pour Jérusalem 8H00 du mat, plus de temps à perdre, Med est prêt, le micro vibre, et l’Amérique donneuse de leçon en prend plein la gueule.
13-MONSIEUR LE PRESIDENT 3’12’’
(R.OURRAD / Y.AYAD) (texte ci-dessous..)
14-KI YEBRED LEHDID 4’05
(R.OURRAD / Y.AYAD)
Mon pays est chaud, ma terre sait respirer, Rien à envier à Miami. Mais le soleil de chez nous ne s’est pas fait d’amis, et les lames froides continuent de glacer le sang d’innocents citoyens, pendant que les gouvernants vaquent vers des nuits plus chaudes
15 – YEMMA**MA MERE 5’46’’
(R.OURRAD , A.FEZOUI/M.TOUAT)
Pour la première fois mon encre parle ma langue maternelle, et comme pour mes premiers mots d’enfant, elle dit Yemma (maman) ; C’est une ode à ma mère dans une langue ancestrale extraordinairement poétique. Que Matoub me pardonne dans son repos éternel si mes rimes pêchent en décochant des flèches, mon bras est si incertain.
16-OUTRO 2’33
(R.OURRAD/M.TOUAT)
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